Rencontre avec Christophe Mège, chef jardinier des Jardins du Musée International de la Parfumerie

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Installés au cœur des champs de plantes à parfum traditionnellement cultivées dans le Pays de Grasse, les Jardins du Musée International de la Parfumerie s'inscrivent dans le projet de territoire mené par la communauté d'agglomération Pôle Azur Provence. Ouverts depuis 2010, ils sauvegardent l'héritage de la région et cela grâce à une formidable équipe de jardiniers, menée par Christophe Mège.

Parlez-nous de votre parcours…

Au départ, je ne suis pas du tout jardinier ! J'ai fait des études universitaires d'anglais et j'ai travaillé longtemps dans la restauration. Peu satisfait par ma situation professionnelle, et après un bilan de compétences, j'ai entrepris une formation de paysagiste . Dans ce cadre, j'entre comme stagiaire à la Bastide du Parfumeur, aujourd'hui devenue ces fameux Jardins du Musée International de la Parfumerie, et je n'en suis plus jamais parti. J'ai eu de la chance. Et je me rends compte, aujourd'hui, avec le recul, que j'aurais pu passer à côté de cette vocation. Car au fond de moi, j'ai toujours rêvé de faire ce métier.

Que trouve-t-on aux jardins du MIP ?

Les jardins s'articulent autour de deux grandes orientations. D'un côté, un conservatoire, où l'on reproduit le plus fidèlement possible le paysage agricole. L'idée est de présenter un jardin de tradition où l'on cultive les plantes emblématiques du pays de Grasse comme la rose centifolia, l'iris, la tubéreuse ou encore le jasmin. On retrouve ainsi cet esprit campagne grâce à une culture plein champs, à l'image des méthodes de l'époque. De l'autre, nous avons le parcours olfactif, composé de plusieurs parcelles représentant les différentes notes de parfums . Imaginé par des parfumeurs, cet itinéraire fait découvrir au public les senteurs menthées, boisées, épicées, florales, fruités, aromatiques, hespéridées, et bien d'autres…

Comment se traduit le travail et l'élaboration d'un parcours comme celui-ci ?

Ma principale mission est avant tout d'enrichir cette collection . Mais au delà de mon rôle de jardinier, j'ai du apprendre les végétaux, leurs fragrances et même un certain vocabulaire… Je dois toujours trouver une place à la plante en accord avec la note à laquelle elle correspond, mais aussi composer le jardin en fonction des volumes et des couleurs. C'est une réflexion globale qui demande beaucoup d'investissement, et qui permet ainsi de garder une harmonie, une cohérence.

Les JMIP ont une réelle volonté de faire découvrir le monde du jardinage, jouez-vous également un rôle de professeur ?

Effectivement, nous sommes beaucoup sollicités, et nous devons être disponibles pour répondre à toutes les questions. Au moins un jardinier doit être présent sur place dans la journée. Aussi, nous organisons une visite guidée le samedi axée autour du jardinage. On échange ainsi notre savoir-faire. C'est une partie très importante du travail. Mais j'apprends aussi beaucoup de choses. Nous avons des visiteurs très expérimentés, des parfumeurs mais aussi des agriculteurs avec qui je partage conseils et astuces tout au long de l'année.

Le musée s'est engagé avec la Ligue de Protection des Oiseaux, qu'est-ce que cela implique sur le terrain ?

Il s'agit surtout d'intervenir de façon réfléchie sur le jardin. On définit le moment idéal pour la taille des végétaux. Au sol, on limite l'utilisation du motoculteur. Et nous conservons cette intégrité bio', valable autant pour la flore que pour la faune locale. On laisse également quelques parcelles en friches, pour permettre à la vie sauvage de se développer. Nous avons, par exemple, créé la mare aux libellules en 2012. Au départ artificielle, elle a bien été colonisée depuis. Ces espaces tranquilles permettent ainsi de préserver cette biodiversité et ça marche, parce qu'il y a du monde ! Toutes les informations sur le site internet : //www.museesdegrasse.com/